Progresser en Japonais Vendredi 26 Août 2016 Pratique quotidien

Cet article raconte comment j’ai progressé (et me suis débrouillé) en Japonais durant mon PVT, en sachant que quelques mois avant de partir au Japon, j’avais un niveau vrai débutant. Ne vous attendez pas à lire une révolution de l’apprentissage du Japonais, mais cela devrait vous donner quelques pistes pour progresser au quotidien.

Avant d’arriver au Japon

Durant mes études post-bac, j’avais suivi quelques mois des cours de Japonais. Mais je n’y avais pas consacré assez de temps et d’énergie pour réellement retenir quelque chose. C’était en 2006… Par la suite, à part regarder quelques anime de temps en temps et apprendre quelques mots avec la pratique de l’Aikibudo, mon contact avec la langue japonaise était rare.

Cowboy Bebop, l’un de mes premiers anime
Cowboy Bebop, l’un de mes premiers anime

Furuhata Ninzaburō
Furuhata Ninzaburō

C’est juste après avoir obtenu mon visa PVT (vers avril) que j’ai décidé de m’y mettre sérieusement. J’ai donc commencé par l’apprentissage des hiragana et des katakana en faisant tout simplement des lignes chez moi. Et je révisais les kana sur mon smartphone dans le train menant à mon travail. Et je me suis mis à regarder le drama japonais Furuhata Ninzaburō (古畑 任三郎), un genre de Colombo diffusé dans les années 1990 (avec double sous-titre anglais+japonais).

Enfin deux mois avant de partir, je me suis inscrit aux stages d’été pour débutant de AAA à Paris. Comme je travaillais en journée, les horaires du soir étaient adaptées pour moi. Des cours de 3h par jour, du lundi au vendredi, répartis sur 2 semaines en juillet et sur 2 semaines en août, avec 30 minutes d’exercice à faire chez soi par jour. C’est intense et les cours s’enchaînent vite. Avoir un cours chaque jour permet d’utiliser rapidement les notions apprises et oblige à faire ses exercices dès le lendemain. Bref la formule a très bien marché dans mon cas et m’a permis d’acquérir des bases rapidement.

Progresser à l’oral

Étant en immersion, on utilise essentiellement l’oral. C’est également, à mon avis, la partie la plus simple car la prononciation japonaise est facile. Il est donc assez simple d’écouter et de s’exprimer à l’oral. Et grâce à l’alphabet phonétique, la prononciation d’un mot découvert dans le dictionnaire est assez évidente. J’ai eu néanmoins quelques difficultés avec les voyelles prolongées.

Le quotidien

Faire des démarches administratives à la mairie, commander au restaurant, discuter avec le staff de la guest house, toute la journée les situations sont multiples afin d’échanger en japonais. Et l’avantage est que l’on progresse sur plein de thèmes à la fois et avec des registres de langue différent. Chose que j’ai faite tardivement, j’avais avec moi un petit carnet afin de noter de nouvelles expressions ou des mots en toute occasion.

A la mairie (illustration)
A la mairie (illustration)

Au supermarché
Au supermarché

A Osaka, je parlais souvent anglais ou français à la guest house. Par contre, à ShigaKogen, c’était japonais quasi toute la journée. Mes seuls échanges en anglais étaient avec les quelques rares collègues étrangers de la station ou avec les clients étrangers. Et les jours de repos, faisant souvent du ski/snowboard avec quelques collègues, c’était encore en japonais. Seuls quelques fois à l’izakaya, certains collègues étaient demandeurs d’entendre de l’anglais. Comme me disait mon colloc canadien, “Dans tous les cas, tu as l’avantage de toujours pratiquer une langue étrangère”.

Et faisant du sport régulièrement, j’ai vécu deux cas. En escalade, c’était surtout de courtes discussions, des encouragements ou quelques indications où mettre le pied ou la main. Bref, assez basique. Par contre, en Aïkido, comme c’est un cours, on a les explications du sensei. Et là, même si c’était lors de mes 2 derniers mois, j’ai peu compris leurs discours. Mais ce n’est pas trop grave vu que les démonstrations visuelles sont les plus importantes.

Groupe d’échange linguistique

C’est la partie qui m’a la plus apportée au début. En passant par le site meetup, j’ai rejoint le groupe Learn Japanese and make Japanese friends. Le principe est simple. Des japonais et des étrangers se réunissent dans un café (dans notre cas, près d’Umeda). L’entrée est gratuite, mais il est bien vu de commander une boisson. Ce groupe étant basé sur l’échange anglais/japonais, 1h est consacrée à la pratique du japonais, puis 1h à la pratique de l’anglais. Les discussions se font parfois en binôme, parfois en groupe. Des thèmes sont souvent organisés, comme des scènes de drama japonais à jouer ou des mini-pièces à écrire (en anglais et en japonais). Nous étions entre 4 et 10 personnes selon les soirs, avec souvent plus de japonais que d’étrangers. J’étais souvent le seul étranger ne parlant pas nativement anglais.

Groupe Meetup
Groupe Meetup

Transcript d’un drama en kana
Transcript d’un drama en kana

Groupe Meetup
Groupe Meetup

Je n’ai pas renouvellé cette expérience à Tokyo, surtout pour cause d’emploi du temps. En tout cas, ce fut une superbe expérience, que ce soit pour progresser en japonais, que pour les discussions que j’ai pu avoir.

Au travail

Au début à Osaka, mon travail en restaurant indien et les livraisons à domicile m’ont forcé à être plus autonome. Notamment sur compter l’argent et avoir quelques formules de politesse en Japonais. Mais échangeant en anglais avec le staff, j’ai peu appris en conversation.

A ShigaKogen, je n’ai été en contact qu’avec des collègues japonais pendant plus de 3 mois. Travaillant au service dans un restaurant, je devais échanger avec les autres serveurs, la cuisine et les clients en japonais. J’ai donc appris sur le tas en écrivant expressions et vocabulaire donnés par mes collègues sur un bloc-note pour les retenir.

A Tokyo, j’ai travaillé en restaurant français avec une équipe française. Donc les discussions avec les collègues étaient uniquement en français. Par contre les clients étaient majoritairement japonais. J’ai donc pu apprendre quelques nouvelles expressions à cette occasion.

Durant les voyages

Grâce à Internet, la majorité des réservations se font aujourd’hui soit par un formulaire sur le site, soit par une application sur smartphone. Bref j’ai du juste par 2 fois appeler pour faire une réservation au téléphone en japonais.

Par contre, étant souvent seul et logeant essentiellement en dortoir, j’ai régulièrement eu l’opportunité de parler avec des japonais. Et le peu d’entre-eux parlant anglais m’a forcé à utiliser majoritairement le japonais. Ainsi, je parlais peu français et anglais durant mes voyages. Afin de voyager léger, je n’avais pris aucun livre avec moi et j’avais juste mon smartphone avec un dictionnaire hors-ligne et un petit carnet afin de prendre des notes.

Le genre de coin où parler Japonais est utile
Le genre de coin où parler Japonais est utile (voir sur Flickr)

Au fur et à mesure des jours, mon discours de présentation expliquant mon voyage s’est étoffé et s’énonçait plus aisément. Même si au bout d’un moment je faisais surtout le perroquet, j’essayais d’ajouter de temps en temps quelques expressions et quelques nouveaux mots à mon répertoire. Que ce soit dans les transports ou à la guest-house, il y avait toujours quelqu’un près à écouter pendant quelques minutes mon japonais rudimentaire.

Durant mon deuxième voyage, j’ai été régulièrement hébergé chez des habitants japonais. Je me suis donc retrouvé dans une situation similaire à mon premier voyage, avec essentiellement du japonais, et parfois de l’anglais. Donc surtout de la conversation. Et les progrès deviennent de moins en moins évidents. J’essaye de rajouter de nouvelles structures de grammaire dans mes phrases, mais c’est laborieux et souvent source d’incompréhension chez mes interlocuteurs.

Progresser en lecture/écriture

C’est clairement le point où j’ai peu progressé en un an (surtout l’écriture). Il faut pouvoir se poser devant ses cahiers, se concentrer et faire des exercices. Le tout régulièrement afin de progresser.

Lecture au quotidien

J’avais appris à lire et à écrire les kana avant de partir. Donc tous les jours, j’essaye de lire, de comprendre ce qui m’entoure. Dans les gares de train, au supermarché, devant les magasins, la télévision avec les sous-titres, on profite de l’immersion à fond afin que le cerveau soit toujours en présence de caractères japonais. Même au karaoké, j’ai essayé de chanter quelques chansons avec juste les kana devant les yeux ! Et il n’est pas rare de voir des chambres remplies de fiches de vocabulaire et de kanji ^^

De mon expérience, les katakana sont super importants (plus que les hiragana). Car ils correspondent très souvent à un mot anglais. Et au quotidien, il y en a partout ! Au bout de plusieurs semaines à faire l’exercice, on trouve de plus en plus vite le mot anglais. Et même si on ne le trouve pas, il est simple de saisir le mot dans un dictionnaire. Alors qu’un kanji, c’est vite la galère pour le trouver… Bref, il n’y a pas d’excuse pour ne pas bosser vos kana chaque seconde :)

Avec le travail

Seulement à ShigaKogen, j’ai eu besoin de lire/écrire en japonais au quotidien. Au service du midi, je devais lire les tickets boissons en katana/kanji. Et même si au début j’écrivais les bons de commande en anglais, devant les difficultés en cuisine à les lire, j’ai écris par la suite uniquement en kana/kanji. Et le dernier mois, je devais également écrire de temps en temps le room charge pour le bar. Bien sûr, le vocabulaire est assez limité. Mais comme il faut l’écrire rapidement, c’est un bon exercice.

Avec LINE ou les mails

Jusqu’à ShigaKogen, je communiquais peu en japonais à l’écrit. Puis communiquant régulièrement avec mes collègues, j’ai commencé à écrire uniquement mes messages en kana. Que j’ai vite remplacé par des kanji afin qu’ils comprennent plus facilement. C’était donc un aller-retour permanent entre le dictionnaire et LINE afin de trouver le bon kanji. Puis au fur à mesure des semaines, j’avais de moins en moins besoin du dictionnaire ou de la traduction automatique pour lire ou écrire des messages.

Et lors de mes voyages, j’ai envoyé quelques demandes de couch surfing ou des mails à des guesthouse en japonais. Dans ces cas, je n’utilise pas la traduction automatique, mais je fais l’effort d’écrire chaque phrase en consultant le dictionnaire. Cela me permet de mieux mémoriser les nouveaux mots.

Progresser en kanji

Pour progresser en Kanji, j’ai essayé plusieurs méthodes. Cela a commencé avec LINE qui m’a forcé à connaitre le kanji derrière les mots que j’utilisais au quotidien. Puis mon colloc m’a offert un cahier d’écriture. J’ai donc de temps en temps fait des colonnes avec le kanji me servant régulièrement au restaurant afin d’avoir une écriture plus propre.

Par la suite, je suis passé à des moyens électroniques. J’ai essayé pendant plusieurs mois de faire 20 minutes de kanji chaque jour avec l’application Kanji Senpai sur Android. Cela m’a permis d’apprendre des kanji dont je connaissais la prononciation, mais pas l’écriture. Et donc de pouvoir comprendre plus de texto ou de panneaux autour de moi.

A Tokyo, j’ai remplacé Kanji senpai par le site WaniKani, découvert chez mon hôte canadien à Hirosaki. Alors que Kanji Senpai fonctionne avec un QCM, WaniKani force à saisir la réponse. C’est plus difficile et je trouve que l’on retient mieux sur le moyen terme. La grosse différence avec Kanji senpai est que l’on ne peut pas faire une grosse session d’un coup. L’application force le temps avant de revoir le même kanji. Les inconvénients par contre sont l’absence de mode hors ligne sur l’application smartphone et l’obligation de payer un abonnement à partir du niveau 4 (sur 60). Mais je n’utilise maintenant plus que WaniKani car les progrès sont plus solides. En plus un site de meme lui est dédié ; c’est une preuve de qualité ^^

Kanji Senpai
Kanji Senpai

Wanikani sur smarphone
Wanikani sur smarphone

Avec des livres

Avant de partir, une amie française m’avait passé le premier niveau de sa méthode de japonais, Marugoto. En 2 mois à Osaka, je m’y suis plongé très irrégulièrement et je ne l’ai pas fini. Je l’utilisais plus comme une aide pour avoir des thèmes ou des questions de grammaire à utiliser durant mes soirées d’échanges linguistiques. A ShigaKogen, je profitais durant mes repos du calme du dortoir pour terminer le premier niveau de Marugoto (et entamer le niveau suivant). En deux mois à Tokyo, j’avais comme objectif de finir le niveau 2 (qui est sur 2 tomes). Mais je n’ai suffisamment fait de sessions d’étude pour finir cette partie.

Mon lieu d’étude à ShigaKogen
Mon lieu d’étude à ShigaKogen

Bilan

En 14 mois (en incluant donc les cours suivis en France), je suis passé d’un niveau vrai débutant à un niveau de conversation basique. Les progrès ont surtout été à l’oral car, à part avec LINE et quelques mails, j’ai peu écrit. Un point où je n’ai pas assez progressé est clairement la grammaire. Ce qui fait que dès que je tente de faire quelques phrases plus avancées, j’ai souvent un regard interrogateur en face de moi. La grammaire japonaise étant très différente de la nôtre, je n’ai pas réussi à l’apprendre à l’oral. Il faudra donc que je passe du temps devant un cahier afin de progresser sur ce point.

En résumé, voici les points majeurs qui m’ont aidé à progresser :

  • Avoir des bases en arrivant, avec au moins la lecture des kana et quelques phrases
  • Aller régulièrement à un groupe d’échange linguistique
  • Être actif en discutant, en cherchant des mots dans le dictionnaire durant une conversation et en prenant des notes
  • Et enfin la régularité ! Que ce soit avec des livres, des applications sur smartphone, de la discussion, il faut le faire tous les jours. Il vaut mieux faire 20 minutes par jour, que 2h une fois par semaine.

J’espère que tout ceci vous donnera des idées. Si vous connaissez d’autres moyens, n’hésitez pas à les partager en commentaire :)