Aizu Wakamatsu Mercredi 18 Mai 2016 Tourisme Ballades printanières (7/19) tohoku/ château

Après un trajet de 2-3h en train monovoie, serpentant entre les collines verdoyantes, enchainant les tunnels et traversant quelques villages de onsen, j’arrive à Aizu-Wakamatsu (会津若松), dans la préfecture de Fukushima. Destination aussi bien hivernale qu’estivale, Aizu-Wakamatsu est une ville de taille modeste qui a gardé des traces de son passé, sans faire dans le touristique à outrance. Et n’étant pas une grande destination touristique, j’ai eu quelques difficultés à trouver un logement à prix correct (mes demandes de couchsurfing ayant échoué). Je loge ainsi à 8 kilomètres de la ville, à Aizu-Misato en plein milieu des champs de riz (et des grenouilles) chez Aizuno Youth Hostel.

Quelques trains, uniquement le matin et le soir et essentiellement remplis d’élèves, font la liaison avec la ville. Sur le chemin vers l’auberge, je croise une espagnole, également en voyage dans la région. Nous sommes les deux seuls clients ; j’ai ainsi le dortoir pour moi tout seul. Mais bon cela limite fortement les discussions…

Le lendemain, je bénéficie du petit déjeuner gratuit à l’auberge. Pas de baguettes, mais couteau et fourchette. J’avoue avoir eu quelques difficultés les premières secondes à reprendre en main ces couverts ^^

Je commence ma visite par le jardin Oyaku-koen, avec une partie composée de plantes médicinales, et l’autre typiquement japonaise avec son pavillon de thé en son centre. Un guide bénévole m’aborde et s’ensuit un échange d’une bonne demi-heure en japonais à propos des plantes. Les noms étant écrits en latin sur les étiquettes, je suis obligé de consulter Wikipedia afin de trouver les noms en français et en anglais. Très enrichissant !

Vue depuis l’auberge avec Iide-san au fond
Vue depuis l’auberge avec Iide-san au fond (voir sur Flickr)

Dans Oyaku-koen
Dans Oyaku-koen (voir sur Flickr)

(voir sur Flickr)

L’heure du déjeuner approchant, direction un restaurant de Tonkatsu (morceau de porc pané accompagné d’une sauce) pour le midi. Je choisis d’aller à とん亭 (tontei), sur le chemin vers le château. Le plat est généreux et la sauce qui accompagne le porc pané est très bonne. Dans la salle, beaucoup d’élèves en voyage scolaire, mais aucun professeur ne les accompagne. Chacun paye sa part à la fin, en toute autonomie. Je les recroiserai plus tard visitant la ville par groupe de 4/6. Puis l’ensemble des groupes se retrouvent tous au château pour la visite. Visite que j’évite car le château, reconstruit en béton, n’a pas un grand intérêt. Je me contente ainsi de marcher sur le haut des remparts.

Puis direction la brasserie de saké Miyaizumi (宮泉) à quelques rues du château. La visite est uniquement en Japonais ; mais étant le seul visiteur, la guide, grâce à un document en anglais, arrive à m’expliquer le processus de fabrication. J’accroche quelques mots et parfois expressions, mais le support papier m’a bien rendu service pour comprendre. Je déguste ensuite quelques saké et shoshu. Un responsable des dégustations (Toji, 杜氏) parlant anglais n’était malheureusement pas disponible afin de m’expliquer les différences entre les bouteilles.

Brasserie Miyaizumi
Brasserie Miyaizumi

La fabrication du saké suit le processus suivant :

  • En premier, le riz est raffiné entre 3 et 4 fois afin de supprimer les lipides et les protéines. Dans le cas des saké de grande qualité, jusqu’à 50% du son de riz est supprimé. Cette étape, appelée seimai (精米), n’est pas effectuée dans cette brasserie, car le riz est acheté déjà poli.
  • Ensuite le riz est lavé (senmai, 洗米) à l’eau, puis trempé (shinseki, 浸漬). Des températures basses étant importantes, les travailleurs du temps passé devaient endurer le froid. Les machines permettent de gérer 600kg de riz à la fois.
  • Puis le riz est cuit à la vapeur (mushimai, 蟲米) pendant 1 heure.
  • Des moisissures sont ajoutées au riz cuit, qui est conservé dans une chambre humide pendant 2 jours. La pâte obtenue s’appelle köji (麹).
  • De la levure et de l’eau sont ensuite ajoutée à un mélange de köji et de mushimai. La fermentation dure deux semaines et on obtient du moto (酛).
  • Un nouveau mélange de köji, de mushimai et d’eau est ajouté au moto en trois étapes appelées soe (添), naka (仲) et tome (留). L’ensemble est répétée trois fois et dure un mois. On obtient à la fin le brassin principal appelé moromi (醪).
  • Puis le brassin est placé dans une presse. Le liquide est le saké et la pate, après distallation, devient le shöchu.
  • Enfin le saké est placé dans des sacs de filtration et le saké filtré est pasteurisé à une température de 60°C avant sa mise en bouteille.

Après cette visite, direction l’est de la ville avec une parcours dans les collines à travers quelques temples et sanctuaires. Cette ballade s’achève par Iimori Yama. C’est sur cette colline que 19 samourai se suicidèrent (un échoua dans sa tentative), croyant le château en feu et pris par l’ennemi. Ce fait historique, illustrant la fidélité au bushido (code des samourai), est narré et célèbre à travers tout le Japon. En haut de l’escalier se trouvent les 19 tombes et 2 cadeaux de l’époque nazie. Une colonne ornée d’un aigle offerte par Mussolini et une stèle nazie (la croix gammée fut enlevée par les américains), les deux sont dédiés à l’esprit du bushido.

Tsuruga-jo
Tsuruga-jo (voir sur Flickr)

Sanctuaire dans Iimoriyama
Sanctuaire dans Iimoriyama (voir sur Flickr)

Colonne offerte par l’Italie de Mussolini
Colonne offerte par l’Italie de Mussolini (voir sur Flickr)

De retour à l’auberge, je suis toujours seul dans mon dortoir et les propriétaires, toujours aussi discrets, ne sont pas présents le soir. Seuls les croassements venus des champs de riz me donnent moins l’impression d’être le seul occupant du bâtiment.

Le reste des photos est visible ici.